La lecture d’un article de Carsten Lund Pedersen et Thomas Ritter du mois de juin 2022 dans la Harvard Business Review offre une grille de réflexion éclairante pour appréhender les transformations en cours ou à venir d’une organisation.
Bien conscient du manque de précision du terme transformation (voire de son côté buzzword), les sens multiples de ce mot reflètent toutefois la difficulté d’y voir clair face à des bouleversements concomitants : qu’elles soient numériques, climatiques, culturelles, sociétales, géopolitiques ou stratégiques, les transformations qui bousculent nos organisations obscurcissent l’horizon et complexifient l’action au quotidien.
L’ensemble des parties prenantes (collaborateurs, dirigeants, clients comme partenaires) souffrent face aux injonctions successives ou simultanées, et la plupart du temps contradictoires, pour tenter d’y faire face.
Les auteurs de l’article proposent 2 dimensions pour éclairer ce qui se joue :
– Quels sont les moteurs de la transformation envisagée ? Trouve-t-elle sa source dans la réponse à des besoins internes ? Ou se fait elle sous l’influence de facteurs externes ?
– Quels sont le rythme et l’horizon temporel de la transformation envisagée ?
Le croisement de ces deux filtres, qui dessine la matrice représentée ci-dessous, aide à clarifier les enjeux auxquels l’organisation et ses acteurs se trouvent confrontés . Et permet de mettre en en lumière les interconnections des sujets à couvrir.
Les deux axes évoqués dessinent ainsi quatre types différents de transformation, qu’on pourrait traduire comme suit (je suis preneur de toute proposition plus explicite) :
– transformation progressive,
– transformation négociée,
– transformation à rythme soutenu,
– transformation à marche forcée.
Cette catégorisation, détaillée très clairement dans l’article, est précieuse pour prendre de la hauteur et clarifier les obstacles probables. Considérer au travers de ce prisme les transformations attendues est une piste intéressante pour faciliter le diagnostic et l’identification des chemins les plus favorables pour avancer.
Bien entendu, l’article le rappelle explicitement, plusieurs transformations peuvent être en cours simultanément. Discerner au mieux les sujets entremêlés est la première des nécessités. Comprendre en quoi elles diffèrent ouvre la possibilité de la gestion du changement nécessaire.
Les auteurs soulignent enfin qu’il est important de chercher à comprendre les interconnexions entre les différentes transformations, pour identifier les effets que l’une peut avoir sur l’autre et en tenir compte.
L’explicitation de l’intrication des sujets à couvrir rend d’ailleurs plus facile la priorisation des étapes, et donc de « faire avec » la complexité à laquelle les organisations se heurtent. Au lieu de lutter vainement contre, ou de chercher des simplifications rassurantes mais potentiellement explosives.
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Photo d’illustration de Its Adonis via Unsplash