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Leçons d’entrepreneuriat et de leadership de Jean Renoir

Cet article est la traduction d’un article du blog Farnam Street dont le titre original est Aim For What’s Reasonable: Leadership Lessons From Director Jean Renoir, avec leur aimable autorisation. Qu’ils en soient remerciés.

Au-delà des enseignements sur le leadership, terme aux contours flous en dépit des tentatives de définition, tout entrepreneur trouvera là matière à réflexion pour nourrir son action. C’est pourquoi j’ai choisi de ne pas reprendre à l’identique le titre original pour cette version française. Certains y entendront des échos à l’effectuation, que ce soit en partant de ce que l’on a ou en visant des résultats ou effets réalistes, pour de là construire plus avant.

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La réalisation d’un film implique d’amener un très grand nombre d’individus à travailler ensemble afin de faire de l’image qu’a le réalisateur en tête une réalité. Dans une interview de 1970, Jean Renoir offre une leçon à l’épreuve du réel aux dirigeants sur l’humilité, la responsabilité, l’établissement d’objectifs, etc.

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Beaucoup se retrouvent dans des rôles de direction à un moment donné de leur carrière. La plupart, cependant, ne reçoivent jamais de formation ou de mode d’emploi sur comment être un bon leader. Que ce leadership soit formel ou informel, à un moment donné, nous devons inspirer ou motiver les gens à réaliser une vision commune.

Les réalisateurs sont les leaders des productions cinématographiques. Ils réunissent une équipe, partagent leur vision et font face aux aléas de tout tournage. Ainsi, l’expérience d’un réalisateur accompli offre un excellent aperçu des qualités d’un bon leader. En 1970, le réalisateur Jean Renoir accorda une interview à George Stevens Jr., de l’ American Film Institute, durant laquelle il évoqua les dimensions du leadership d’un réalisateur. Ses idées nous éclairent sur des points essentiels à retenir. Renoir a commencé par le cinéma muet et a réalisé des films jusqu’aux années 1960. Ses deux plus grands chefs-d’œuvre sont La Grande Illusion (1937) et La Règle du jeu (1939). Il a reçu un Oscar pour l’ensemble de son œuvre ( Lifetime Achievement Academy Award) en 1975, en récompense de sa contribution à l’industrie cinématographique.

Dans l’interview, Renoir parle d’humilité lorsqu’il déclare : « Je suis un réalisateur qui a passé sa vie à suggérer des histoires dont personne ne voulait. Cela continue. Mais j’ai l’habitude et je ne m’en plains pas, car les idées qu’on m’imposait étaient souvent meilleures que les miennes. »

Le leadership ne suppose pas nécessairement d’avoir toutes les réponses : il est également important de mettre de côté son ego afin de cultiver et d’encourager les contributions de son équipe. Parfois, les dirigeants ont les meilleures idées. Mais bien souvent, les membres de leurs équipes en ont aussi d’excellentes.

«  Avoir une vision ne consiste pas à réaliser exactement cette vision, mais faire du mieux possible une fois au contact de la réalité ».

Farnam Street

Renoir suggère que le rôle d’un réalisateur est d’avoir une vision suffisamment claire pour pouvoir surmonter les imperfections liées à son exécution. « Une image, souvent quand elle est bonne, est le fruit d’une croyance intérieure si forte qu’il faut montrer ce qu’on veut, malgré une histoire stupide ou des difficultés quant à la commercialisation du film ».

Les bons leaders n’ont pas besoin de perfection pour obtenir des résultats. Ils travaillent avec ce qu’ils ont, faisant souvent preuve de créativité et d’ingéniosité lorsque la réalité n’est pas conforme à l’image idéale dans leur esprit. Avoir une vision ne consiste pas à réaliser exactement cette vision, mais faire du mieux possible une fois au contact de la réalité.

Preuves de créativité et  d’ingéniosité au contact du réel

 

Lorsque Renoir dit : « Nous, les directeurs, sommes simplement des sages-femmes », il sous-entend qu’un leadership efficace consiste à donner forme aux talents et aux capacités qui existent déjà. Les excellents leaders trouvent un moyen de mettre à l’épreuve et de développer les membres de leur équipe. En expliquant son travail avec les acteurs, il dit : « Il ne faut pas demander à un acteur de faire ce qu’il ne peut pas faire ». Au contraire, vous devez travailler avec ce que vous avez, par des feedbacks et une communication claire, pour faire sortir le meilleur de chacun. Parfois, s’écarter du chemin des gens et laisser leurs capacités naturelles se manifester est la chose la plus importante à faire.

Bien que Renoir dise « Quand je peux, je ne tourne mes scènes qu’une seule fois. J’aime être engagé, être esclave de ma décision », il explique plus loin « je n’aime pas prendre seul les décisions importantes ». Les bons leaders savent quand consulter les autres. Ils savent recueillir les informations de ceux qui en savent plus qu’eux et respecter des expertises différentes. Tout en assumant toujours la responsabilité de leurs décisions parce qu’ils ont fait le choix final.

« Je crois que l’œuvre d’art où le spectateur ne collabore pas n’est pas une œuvre d’art ».

Jean Renoir

Les bons leaders sont également conscients du monde extérieur au groupe ou à l’organisation qu’ils pilotent. Ils ne dirigent pas sans référence externe mais sont sensibles à tous ceux impliqués dans l’obtention des résultats qu’ils visent. Pour un réalisateur, concevoir un film sans tenir compte du public n’a aucun sens. Renoir explique « Je crois que l’œuvre d’art où le spectateur ne collabore pas n’est pas une œuvre d’art ». De même, nous avons tous des groupes avec lesquels nous interagissons en dehors de notre organisation, des clients par exemple. Nous devons nous aussi diriger nos équipes avec une compréhension de ce monde extérieur.

Personne ne peut être bon en tout et donc un leadership efficace implique de savoir quand demander de l’aide. Renoir l’admet : « C’est là que j’aime que mes amis m’aident, car je suis très mauvais en casting ». Connaître vos faiblesses est essentiel, car vous pourrez alors trouver des personnes qui ont des points forts dans ces domaines pour vous aider.

De plus, la plupart des organisations sont trop complexes pour qu’une seule personne soit experte dans tous les rôles. Les dirigeants font preuve d’orgueil lorsqu’ils supposent qu’ils peuvent faire bien le travail de chacun. Renoir explique cette notion de connaître son rôle comme leader : « Trop de réalisateurs fonctionnent comme ça. Ils disent aux acteurs : Asseyez-vous, mes chers amis, et regardez-moi. Je vais jouer une scène, et vous allez répéter ce que je viens de faire. Il joue une scène et il la joue mal, parce que s’il est metteur en scène au lieu d’être acteur, c’est probablement parce que c’est un mauvais acteur ».

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Bien que le leadership soit un terme générique, nous ne devrions pas être intimidés par la liste idéale de qualités et de comportements qu’un bon leader se doit de montrer. Concentrez-vous sur la façon dont vous pouvez vous améliorer. Fixez-vous des objectifs. Réfléchissez à vos échecs et reconnaissez vos succès.

« Vous savez, il y a un vieux slogan, très populaire dans notre civilisation occidentale : vous devez viser une fin plus haute que la normale et ainsi vous arriverez à quelque chose. Votre objectif doit être très, très élevé. Moi-même, je suis absolument convaincu que ce n’est qu’une bêtise. L’objectif doit être facile à atteindre, et en l’atteignant, vous obtenez plus ».

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